Une longue attente pour avoir une place sous le bale
Comme chaque lieu de l’île, le bale agung est divisé en plusieurs parties selon leur degré de pureté, et les chefs et membres du conseil sont également positionnés selon une stricte hiérarchie. Les nouveaux membres sont considérés comme seulement « préposés » au conseil, et n’ont pas de place sous le bale. Ils s’assoient sur le sol à l’extérieur, jusqu’à ce qu’une place se libèrent en son sein, après la mort d’un ancien membre. Ils avancent ainsi progressivement avec l’âge, la ligne entière se déplaçant dès qu’une place est vacante, jusqu’à rejoindre celle voisine du trône des ancêtres. Le chef de la communauté conserve sur un lontar, un manuscrit de palme, un registre désignant la place de chaque membre sous le bale.
Les terres de Bali, propriétés des Dieux
Chaque père de famille possédant une maison ou des rizières sur le territoire du village est appelé à devenir membre de la communauté. Un refus sera sanctionné par le mépris de tous les membres du conseil, la confiscation de ses propriétés, et éventuellement punis par l’exil. Théoriquement, toutes les terres de Bali appartiennent aux Dieux, qui les ont « offert » aux Balinais pour qu’ils les travaillent et puissent en vivre. Le concept de « propriété » au sens où on l’entend est donc une notion parfaitement inconnue de la tradition locale. C’est ainsi que la Desa, sous l’autorité du conseil du village, contrôle les terres du village, les maisons, les rizières privées et collectives et les petjatu, ces terres laissées en friches et qui procurent bambou, bois, paille…
Partir du village
Si un habitant doit déménager vers un autre village, pour une raison justifiée, il doit demander à être rayer de la liste du conseil et a le droit de percevoir en argent la valeur de sa part des terres du village. Ses terres personnelles ainsi que sa maison retournent en revanche dans le patrimoine de la desa. L’ensemble de ses propriétés sera confisqué sans compensation si il quitte le village sans explication.
Klian Desa, chef du village
Le chef de la communauté, le klian desa, dirige le village au nom du conseil. Il est généralement élu, mais sa charge peut devenir héréditaire si le fils d’un klian populaire et respecté est présumé détenir les mêmes qualités que son père. Si par la suite il s’avère incompétent, il est poliment invité à se retirer, et un nouveau klian est alors élu. Un klian est populaire et écouté, même si il est pauvre ou faible physiquement. Une fois élu par la communauté et accepté par les Dieux, il ne peut refuser sa charge, sous peine de sévères sanctions. Les avantages de sa position sont minimes : il reçoit une portion des terres collectives légèrement supérieure, et peut-être une portion double de la nourriture distribuée lors des cérémonies. Il est également dégagé de certains des devoirs des autres membres. Il ne perçoit en revanche aucune rétribution en argent, quelque soit le poids de ses obligations et responsabilités : administrer la communauté, présider les réunions, organiser et surveiller le bon déroulement des cérémonies et des divers festivals de la desa. Il partage toutes ses tâches avec le penyarikan, un « administrateur » de second ordre, qui n’est d’ailleurs pas placé sous son autorité, un scribe et quelques messagers, tous non rétribués.
La desa, un système compromis
Sous la domination des princes hindous javanais, le système de la desa fut largement compromis, notamment lorsque des villages devenaient trop vastes pour rester sous la direction d’une simple organisation de type patriarcale. Dans les territoires conquis, les terres furent progressivement libérées de la domination de la desa, et son influence se réduisit finalement à faire respecter les institutions du village, à organiser les cérémonies religieuses et les divers festivals. La desa resta néanmoins le rempart de la loi coutumière, l’adat.