Différentes formes de théâtre
Le théâtre populaire à Java est apparu au 19ème siècle. Il existe plusieurs formes de théâtre, les plus répandues étant le ketoprak et le ludruk. Les représentations sont la plupart du temps données sur des scènes aménagées pour l’occasion ou dans les marchés de nuit par des troupes ambulantes exclusivement constituées d’hommes, des clowns et des travestis. Les histoires mélangent d’anciennes formes d’art et de rituels adaptées de façon moderne, hautement influencées par la scène et les films occidentaux.
Le Ketoprak et le Ludruk
Contrairement aux wayang pour lesquels c’est le message délivré qui est important, dans le ketoprak et le ludruk, ce sont les farces jouées par les clowns qui prédominent, attirant un public populaire majoritairement originaire des campagnes et des classes moyennes des villes. Ce sont surtout des histoires contemporaines qui sont jouées. Ces spectacles modernes s’achèvent en général par le mariage entre un membre de l’élite et du prolétariat, brisant ainsi les codes de la société javanaise qui, traditionnellement, maintiennent les classes séparées. Le théâtre populaire participe ainsi à la modernisation de la société javanaise. Les thèmes du théâtre populaire tournent essentiellement autour du conflit intergénérationnel entre les parents respectueux des traditions et les jeunes qui ont une vision plus moderne des choses. Les Javanais ont l’habitude de diviser le monde en deux : ce qui est alus (raffiné) et ce qui est kasar (grossier). Cela vaut aussi bien pour les individus que pour la religion, la pensée, les arts…
Des pièces appréciées par la majorité de la population
Les histoires traditionnelles s’appuient sur ce principe pour délivrer leur message. Les intrigues modernes du théâtre populaire, au contraire, opposent non plus des qualités mais des attitudes maju (progressiste, moderne) et kuno (ancien, démodé). L’opposition entre les qualités alus et kasar symbolise l’écart entre l’élite et le prolétariat, alors que celle entre les attitudes maju et kuno met de côté les stratifications sociales pour expliquer les changements sociaux de l’Indonésie contemporaine. Le théâtre populaire, joué par des clowns et des hommes travestis en femme, brise ainsi les traditions et n’est pas apprécié par toute la population. L’élite le considère comme trop kasar, les santri, musulmans orthodoxes, n’apprécient pas la présence de travestis qui représentent pour eux une forme de sexualité déviante. En fait, le théâtre populaire attire principalement une audience abangan que rien ni personne ne semble pouvoir choquer. Aujourd’hui, plus besoin de se déplacer dans les marchés de nuit pour assister à une représentation de théâtre populaire, il suffit d’allumer son téléviseur. En effet, de nombreuses émissions s’inspirent de cette forme d’art pour proposer des divertissements où l’on retrouve les clowns, les travestis, auxquels se sont rajoutées, pour le plus grand plaisir des messieurs, de belles jeunes femmes aux atouts partiellement dévoilés…